L’alphabétisation
31. La
lutte contre l’analphabétisme est considérée comme une obligation
sociale de l’Etat et constitue un facteur déterminant de mise à niveau
du tissu économique, par le rehaussement de la compétence des ressources
humaines, afin d’accompagner le développement des unités de production.
Compte
tenu de la pertinence de la stratégie fonctionnelle dans la lutte
contre l’analphabétisme, un effort systématique sera consacré à ce
domaine, sur la base de la priorité accordée aux catégories suivantes :
Le
Maroc se fixe comme objectif de réduire le taux global d'analphabétisme
à moins de 20%, à l'horizon 2010, pour parvenir à une éradication quasi
totale de ce fléau à l'horizon 2015.
Compte tenu de pertinence
de la stratégie fonctionnelle dans la lutte contre l'analphabétisme, un
effort systématique sera consacré à ce domaine, sur la base de la
priorité accordée aux catégories suivantes :
a. la catégorie des
travailleuses et travailleurs analphabètes, exerçant dans les secteur
de production et pour qui la conservation de leur emploi dépend de
l'amélioration de leurs compétences et donc de leur rendement et de leur
productivité, (ils représentent 50% de la main d'œuvre marocaine dans
les secteurs productifs) ;
b. la catégorie des adultes qui ne
possèdent pas un travail stable et régulier, surtout les mères, et
notamment celles du milieu rural et périurbain ;
c. la catégorie
des jeunes de moins de 20 ans et qui n’ont pas eu la possibilité de
fréquenter l’école ou qui l’ont abandonnée à un âge précoce, ce qui a
induit leur retour à l’analphabétisme. Cette catégorie a besoin d’une
seconde chance dans le cadre de l’éducation non formelle.
32. La
programmation des opérations d’alphabétisation doit tenir compte des
besoins propres aux catégories suscitées, en termes de pédagogie
spéciale, appropriée à leur âge et leurs situations sociales et
professionnelles. En conséquence, il sera procédé à la mise en place de
programmes spécifiques à chacune d’elles, conçus selon une organisation,
des contenus, des méthodes d’encadrement et de communication et des
plages horaires appropriés.
Les programmes d’alphabétisation
visent, dans le cadre d’une stratégie fonctionnelle, à permettre aux
bénéficiaires d’atteindre des objectifs pédagogiques et cognitifs qui
les amènent à mieux maîtriser leur travail ; ils les préparent également
à s’insérer dans des programmes de formation continue, dans le but de
rehausser le niveau de leurs compétences et habiletés professionnelles
et, de ce fait, améliorer leur productivité et leur rendement et
bénéficier des retombées positives sur leur vie personnelle, leurs
relations sociales, l’éducation de leurs enfants et la gestion de leur
vie active.
33. Afin de réaliser une opération nationale et
globale d’alphabétisation fonctionnelle, au profit de la première
catégorie susvisée à l'article 31a (les travailleurs analphabètes), il
importe d’impliquer les employeurs, par le biais des chambres et des
associations professionnelles, aux niveaux régional et local; le but
visé, dans un horizon de 10 ans, est de réduire la proportion
d’analphabétisme de cette catégorie de 50% actuellement à moins de 10%,
en utilisant tous les moyens disponibles en écoles, centres et
instituts, et en élaborant les manuels scolaires appropriés, ainsi qu’en
formant des enseignants et des formateurs à la pédagogie de
l’alphabétisation fonctionnelle. Les pouvoirs publics consacreront les
moyens et mettront en place les structures nécessaires à
l’accomplissement de cette mission, en coopération et en partenariat
avec les chambres et les instances professionnelles.
34. A
l’intention de la catégorie des adultes qui ne possèdent pas de travail
stable et régulier, et notamment les mères, les opérations
d’alphabétisation doivent être menées en relation avec les opérations de
développement intégré, rural ou périurbain, afin qu’elles servent
d’appui aux fonctions des bénéficiaires dans la vie active, concernant
la santé reproductive, la prévention, l’éducation des enfants et la
gestion des affaires familiales.
35. Pour faciliter la
communication entre les bénéficiaires des programmes d’alphabétisation
et les motiver à la persévérance, des bulletins d’information
accessibles doivent être publiés. Ces publications permettront à ces
catégories de citoyens de se cultiver, d’apprécier la lecture et de
développer le sens de la curiosité intellectuelle.
Sera également
créée une revue spécialisée en andragogie, pour servir de moyen de
communication entre les enseignants, les formateurs, les chercheurs et
les responsables des programmes d’alphabétisation, mettre en valeur les
expériences pilotes et faire connaître les réalisations, les difficultés
rencontrées et les moyens de les surmonter, tout en ouvrant des
horizons de recherche, d’études et d’initiatives, en tout ce qui
concerne ce système éducatif spécial.
L’éducation non formelle
36.
A l’intention de la catégorie des jeunes non scolarisés ou
déscolarisés, âgés de 8 à 16 ans, un programme national intégral
d’éducation non formelle doit être mis en œuvre pour assurer leur
alphabétisation, avant la fin de la décennie nationale de l’éducation et
de la formation. Cette opération doit viser l’acquisition par ces
jeunes des connaissances nécessaires et leur offrir une deuxième chance
d’insertion ou de réinsertion dans les cycles d’éducation-formation, en
mettant en place les passerelles qui leur permettent l’accès à ces
cycles, conformément aux articles 43 et 44 ci-dessous.
Cette
catégorie doit bénéficier de programmes intensifs, selon une
organisation pédagogique tenant compte de ses besoins spécifiques et
réduisant les facteurs qui ont entravé la scolarisation ou qui ont causé
l’abandon précoce de l’école.
Décentralisation et partenariat dans l’alphabétisation et l’éducation non formelle
37. A cette fin, il est également nécessaire d’adopter une stratégie nationale cohérente, consistant à :
- renforcer
les instances nationales d’alphabétisation, chargées de la
planification des programmes et de la supervision de leur réalisation,
en adoptant la déconcentration et la décentralisation dans l’exécution
et encourageant le partenariat entre tous les intervenants locaux ;
- mobiliser les établissements d’éducation-formation, les
organisations non gouvernementales compétentes et les opérateurs locaux,
et mettre en place les crédits, les structures et les mécanismes
nécessaires à la réalisation de cette opération nationale.
Rôle de la télévision dans l’alphabétisation et l’éducation non formelle
38.
La télévision scolaire consacrera une partie de ses programmes à
l’alphabétisation, en programmant des cours complémentaires, motivants,
culturellement instructifs, et qui serviront d’appui aux enseignants et
formateurs dans leur pratique. Ce canal devra également faire connaître
les expériences pilotes réussies et mettre en exergue les acquis et les
moyens mis en œuvre pour surmonter les difficultés.
39. Des
compétitions annuelles seront organisées entre différentes catégories et
régions, pour motiver les bénéficiaires des programmes
d’alphabétisation et ceux qui veillent à la réalisation de ces
programmes, en consacrant des prix aux réalisations individuelles et
collectives et à la création de moyens pédagogiques et de supports
audio-visuels spécifiques à l’andragogie.